De double nationalité française et argentine car née à Buenos Aires en 1971 de mère française et de père argentin, j’habite à Paris depuis presque cinq ans.
Comme beaucoup de gens et contrairement aux élections antérieures, j’avais hâte de participer aux élections présidentielles 2007. Pour pouvoir le faire, le 6 décembre 2006 je suis allée à la Mairie de mon arrondissement – le 11º - afin de m’inscrire, pour la première fois, sur les listes électorales en France. Pour cela, j’ai présenté les deux documents qu’ils m’avaient demandés : justificatif de domicile à Paris et pièce d’identité française. On ne m’a posé aucune question.
Tout était très simple et rapide. Et j’ai quitté la Mairie assez émue car j’avais vraiment envie de voter pour la première fois en France (et non pas dans un consulat ou une ambassade).
Presque 4 mois après cette démarche, je reçois un courrier simple sur papier en-tête de la Mairie de Paris – Mairie du 11º arr.- qui me dit en gros que, étant donné que je suis déjà inscrite sur les listes électorales du Consulat Général de France à Buenos Aires et que je n’en ai pas demandé expressément la radiation, pour ces élections, je ne peux voter qu’à l’Ambassade de France à Buenos Aires, soit personnellement, soit par procuration. Si vous êtes intéressé au contenu entier et exact de ce courrier, vous le trouverez retranscrit entièrement et textuellement dans mon article précédent: “Sarkozy m’empêche de voter pour lui”.
En faisant cette démarche, j’étais persuadée que –si elle devait avoir lieu- la radiation allait être automatique, car comme je ne me souvenais plus si j’étais inscrite ou non sur les listes électorales consulaires en Argentine, il me semblait évident que la volonté de voter en France avec toutes les pièces justificatives allait équivaloir, du moins jusqu’à nouvel ordre contraire, à la radiation des listes électorales à l’étranger. Dans le doute, un des fonctionnaires de la Commission administrative « compétente » pour définir ma situation aurait pu me poser la question soit le jour de mon inscription sur les listes électorales à la Mairie du 11º soit après par courrier, email ou téléphone. Leur silence me faisait être persuadée à une absence de doute.
Quelques jours plus tard, je reçois chez moi – donc à Paris- ma carte d’électeurs avec un bureau de vote dans une école maternelle du 11º arr.
Perdue par un sentiment d’incohérence entre la lettre et la carte d’électeurs, je suis allée demander des explications à la Mairie du 11º , au Service des élections. L’employé qui me reçoit regarde rapidement mes deux papiers et arrive vite à la conclusion que je ne dois tenir compte que du courrier qui m’empêche de voter personnellement en France et que je dois le faire – personnellement ou par procuration- à l’Ambassade de France à Buenos Aires.
Avec cette réponse, je me suis rendue le jour-même au Tribunal d’Instance du 11º arr. pour faire la procuration pour que ma mère, française résidant à Buenos Aires, puisse aller voter en mon nom. Avant de remplir la procuration, je demande à voir une personne du tribunal qui me confirme les dits de l’employé de la mairie. Chose faite: selon elle, pour les élections présidentielles 2007, je devrai voter à Buenos Aires et, donc, faire la procuration.
Je remplis la procuration et j’attends que l’employé, après vérification, me dise: “C’est bon, vous pouvez partir. La procuration sera envoyée directement par nous au Consulat Général de France à Buenos Aires.” En sortant avec les justificatifs de ma démarche, j’étais déçue mais rassurée de pouvoir au moins voter par procuration. C’était déjà ça.
A ce moment-là, comme j’avais fait tout ce qu’on m’avait demandé dans les bons délais, il ne me restait plus qu’appeler ma mère pour lui dire pour qui voter.
Entre parenthèses, je tiens à dire qu’un ami français installé depuis quelques années en Suisse s’est inscrit sur les listes électorales du Consulat de France à Genève et là, la radiation des listes électorales de son ancien domicile en France, a été automatique. Et c’était normal pour lui – et pour moi. L’automatisation de la radiation d’une liste semble fonctionner dans un sens et pas dans l’autre. Où c’est peut-être que le fonctionnement du Consulat Français en Suisse est
plus intelligent que celui des Mairies ou autres institutions publiques en France…
Samedi 21 avril 2007, jour du premier tour des élections françaises en Argentine. Ma mère se rend avec sa carte nationale d’identité et sa carte d’électeur à l’Ambassade de France à Buenos Aires afin de voter pour elle et pour moi. Au moment où elle s’apprête à voter pour moi –oh surprise-, on lui dit qu’ils n’avaient reçu aucune procuration pour voter en mon nom et, ensuite, que je ne figurais pas sur les listes électorales du Consulat Général de France à Buenos Aires. Malgré le fait d’avoir fait tout ce qu’il fallait, tout ce qu’ils m’avaient demandé, ma mère mandataire n’a pas pu voter pour moi.
Dimanche 22 avril 2007, jour du premier tour des élections en France -où je réside-, je ne pouvais pas voter non plus. Pour en être sûre, j’avais demandé à mon frère de se renseigner, profitant du fait qu’il allait voter au même bureau de vote que celui qui apparaît sur ma carte d’électeurs, si je figurais sur les listes électorales et si je pouvais voter et l’employé lui a montré et lui a dit que je figurais sur les listes électorales de la Mairie du 11º arrondissement MAIS avec une mention informatisée (et non pas écrite à la main) qui disait: ‘Vote à l’étranger.”
Bien évidemment, j’ai toutes les pièces justificatives de mes démarches –sauf celles qui justifiraient qu’on m’a empêché de voter le jour du premier tour des élections (le 21 et le 22 avril 2007): double du formulaire d’inscription sur les listes électorales de la Mairie du 11º arr. de Paris, lettre transcrite ci-dessus envoyé par la Mairie du 11º arr., carte d’électeur et récépissé de vote par procuration au Tribunal d’instance du 11º arr.
A qui est-ce précisément la faute de ce dysfonctionnement de l’Administration française qui m’a mis – malgré moi- dans la catégorie d’abstentionniste? Au Consulat ou à l’Ambassade de France à Buenos Aires? A la Mairie du 11º arr.? A la Mairie de Paris? Au Ministère des affaires étrangères? Au Tribunal d’Instance du 11º? A l’INSEE? A La Poste? A un cafouillage informatique? J’essaie de le savoir au plus vite.
Qui exactement, dans toute cette toile d’araignée dépourvue d’individus responsables identifiables qu’est l’Administration française, va m’assurer que je pourrai voter au second tour? J’espère le savoir vite.
Pourquoi même quand tout semble simple, tout devient compliqué –voire inachevé- en France?